#1 « Docteur, est-ce que j’ai la migraine ou des céphalées ? »

Les différents types de maux de tête et leur diagnostic

Le mot « céphalée » (ou mal de tête) désigne toute douleur localisée au niveau de la tête, y compris le visage.

Les céphalées se subdivisent schématiquement en « primaires » et « secondaires ».

Dans les céphalées primaires, le mal de tête, et éventuellement les symptômes qui l’accompagnent, constituent à eux seuls la maladie et ils sont causés par un fonctionnement particulier du cerveau et de ses enveloppes qui n’est pas visible aux examens de routine. Les céphalées dites secondaires ou symptomatiques sont la conséquence d’une cause détectable par des examens complémentaires, par exemple infection (méningite), hémorragie ou tumeur cérébrale, anomalie de pression du liquide céphalo-rachidien. Les céphalées primaires représentent la grande majorité de l’ensemble des céphalées (Fig. 1).

Chaque type de céphalée a des caractéristiques qui permettent de le reconnaître et qui sont décrits en détail dans la Classification internationale des céphalées, dont la 3e édition compte 211 pages et 14 grands groupes de céphalées (ICHD-3, Cephalalgia, 2018) (Fig. 2).

Cette classification permet de diagnostiquer la plupart des céphalées par l’anamnèse et l’examen clinique du patient sans que des examens complémentaires (CT scan, IRM…) soient nécessaires.

Figure 1 : Principale dichotomie diagnostique des céphalées​

La migraine, par exemple, a des caractéristiques qui la distinguent d’autres types de céphalées : dans sa forme la plus fréquente, elle survient par crises limitées dans le temps et durant entre quatre heures et trois jours ; la douleur doit avoir au moins deux des caractères suivants : 1) elle est située d’un côté de la tête (« hémicrânie ») ; 2) elle est battante ou lancinante ; 3) elle est modérée ou sévère au point de réduire ou d’empêcher les activités habituelles (alitement, absentéisme…) ; 4) elle est plus forte lorsqu’on fait un effort physique même léger ; la crise de migraine s’accompagne soit de nausées, voire de vomissements, soit d’intolérance à la lumière et au bruit (parfois aussi aux odeurs), soit des deux à la fois ; finalement, l’examen clinique, en particulier neurologique, doit être normal (voy. les « migrainicônes » de la Fig. 3) (Schoenen et Sándor, 2003).

 

Figure 2 : La Classification Internationale des Céphalées. 3ème édition​ (International Classification of Headache Disorders – ICHD3 – Cephalalgia 2018)​. Version Française par la Société Française d’Etude des Migraines et Céphalées (SFEMC)​

Un moyen rapide pour savoir si vous êtes migraineux est le questionnaire de dépistage « ID-Migraine ». Si vous répondez « oui » aux trois questions, il y a plus de 80 % de chances que vous souffriez d’une migraine sans aura, la forme de migraine la plus fréquente (Fig. 4).

Figure 3 : Migraine sans aura: critères diagnostiques. ​(ICHD-3 code 1.1)​

Parfois, pour pouvoir affirmer le diagnostic, il faut du recul (p. ex., il faut avoir eu au moins cinq crises) et compléter les informations de l’anamnèse par la tenue d’un calendrier de céphalées où le patient note prospectivement ses symptômes, ce qui permet au médecin de confirmer ou non le diagnostic initial (Fig. 5).

Il faut en effet savoir que des céphalées secondaires peuvent mimer une céphalée primaire et devant toute céphalée un tant soit peu atypique, des examens complémentaires sont nécessaires (Demarquay et al., 2021).

 

Figure 4 : ID-Migraine​. Version Française​

 

Figure 5 : Calendrier des céphalées
# bref. Toute migraine est une céphalée, mais toute céphalée n’est pas une migraine. La migraine est une céphalée dite primaire dont le diagnostic repose sur des critères définis dans une Classification internationale.

 

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